
Wall Street Journal : Les Émirats arabes unis arment les milices d’Hemedti au Soudan pour commettre un génocide
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Traduction : Dr. Abdelrahman Kamal Shomeina
Le Wall Street Journal, citant des rapports de renseignement américains a rapporté que les Émirats arabes unis ont fourni des armes à la milice des Forces de soutien rapide au Soudan, notamment des drones chinois de pointe de la série Rainbow, des armes légères et lourdes, des munitions, des lance-roquettes, de l’artillerie et des véhicules de transport de campagne.
Selon des sources américaines, ces débarquements ont donné aux milices d’Hemedti – accusées de génocide – un soutien militaire qui leur a permis de tenir bon et de lancer une nouvelle attaque après la perte de Khartoum en mars dernier, ce qui a alimenté l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.
Le journal américain rapporte que les services de renseignement du département de la défense et du département d’État américains ont détecté une augmentation significative des approvisionnements destinés aux Forces de soutien rapide. Il précise que certains de ces chargements ont transité par la Somalie et la Libye avant d’être acheminés par voie terrestre au Soudan, en plus des itinéraires plus anciens via le Tchad.
L’objectif immédiat était de réarmer la milice après une série de revers sur le terrain qui ont culminé avec la perte de la capitale, Khartoum.
Rainbow/CH-95 : Un bras meurtrier venu du ciel
L’aspect le plus dangereux de ces fournitures réside dans l’intégration de drones chinois CH-95 au sein de la famille Rainbow, fabriqués par CASC. (Estimations de Janes)
Des enquêtes journalistiques indépendantes indiquent que cette plateforme est capable de reconnaissance à longue portée et de mener des frappes précises, et qu’elle peut voler jusqu’à 24 heures d’affilée, offrant ainsi à la milice d’Hemedti une capacité de surveillance et de frappe qui dépasse les limites des lignes de front traditionnelles.
Des images aériennes en accès libre ont révélé la présence d’objets volants lors de récentes attaques de milices au Darfour-Nord.
Depuis dix-huit mois, El Fasher, la capitale du nord – Darfour, est soumise à un siège suffocant. L’introduction de drones dans le conflit a permis aux milices de renforcer leur emprise sur la ville et d’intensifier leurs bombardements.
Des images satellites publiées par le laboratoire de recherche en sciences humaines de l’Université de Yale ont mis en évidence d’imposants remparts de terre érigés par les Forces de soutien rapide pour isoler les habitants, couper les routes et acheminer des ravitaillements vers leurs combattants, tandis que les civils étaient privés de nourriture et de médicaments. Des rapports ultérieurs du même laboratoire ont fait état de tentatives massives de fuite de la ville face à la poursuite des attaques.
Un bilan humain catastrophique et une accusation de génocide par les États-Unis
Sur le terrain, la guerre au Soudan a dégénéré en un véritable massacre. Selon les estimations d’organisations et de chercheurs, le nombre de morts pourra atteindre 150,000, victimes des exécutions sommaires, de la famine et des maladies. Parallèlement, les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires signalent un effondrement généralisé des services de santé et une famine au Darfour.
Le 7 janvier 2025, le département d’État américain a officiellement déclaré que des éléments des Forces de soutien rapide et des milices alliées ont commis un génocide et des crimes contre l’humanité, notamment des meurtres fondés sur l’identité, des viols généralisés et un nettoyage ethnique, et a imposé des sanctions aux chefs de milices et aux entreprises liées, dont certaines sont basées aux Émirats arabes unis.
Quels sont les intérêts des Émirats arabes unis au Soudan ?
Le recours des Émirats arabes unis aux Forces de soutien rapide (FSR) ne peut être dissocié de leurs intérêts économiques et stratégiques. Le Soudan est une porte d’entrée vers la mer Rouge, et Khartoum a annulé un accord portuaire de 6 milliards de dollars avec les Émirats arabes unis en novembre 2024 suite à l’escalade des désaccords.
Historiquement, l’or soudanais a transité massivement par Dubai, que ce soit par le biais du commerce officiel ou d’un réseau de contrebande complexe qui s’est développé avec la guerre. Ce lien au sein de la chaîne d’approvisionnement en or confère à Abou Dhabi une influence considérable sur l’économie soudanaise en ruine et la place au cœur du débat sur le « financement de la guerre » par le biais des minéraux.
Négociations infructueuses et accusations directes : « Sans les Émirats arabes unis, la guerre serait terminée. »
Les négociations menées par les États-Unis pour mettre fin aux combats sont récemment dans le cul-de-sac. Le Wall Street Journal cite des responsables et des diplomates affirmant que les livraisons d’armes étrangères, notamment celles attribuées aux Émirats arabes unis, permettent aux Forces de soutien rapide de maintenir leur capacité de combat.
Un ancien responsable américain a déclaré sans ambages que la guerre aura pris fin sans ce soutien. Malgré la dureté de cette déclaration, elle témoigne de la frustration diplomatique face aux efforts de désescalade du conflit, compromis par des convois d’armes et d’argent. Abou Dhabi rejette catégoriquement ces accusations et maintient sa position d’assistance et de médiation.