Guardian : Les massacres au Soudan sont visibles depuis l’espace

 

Traduction : Dr. Abdelrahman Kamal Shomeina

Le Guardian a qualifié les massacres d’El Fasher de catastrophe humanitaire et de nouvel acte de génocide perpétré au vu et au su du monde entier. Un article poignant, riche en témoignages directs, signé par la journaliste Nesrine Malik, rapporte que des informations font état de massacres de civils d’une violence inouïe, notamment des attaques contre des hôpitaux, des témoins ont rapporté des exécutions sommaires et un nettoyage ethnique.

Nasreen Malik a expliqué que des images satellites montrent des traces de sang au sol, témoignant de l’intensité des massacres, dans une scène rappelant les débuts du génocide rwandais. Elle a souligné que ce qui se passait n’était pas surprenant, mais prévisible depuis des mois.

Elle  a aussi  souligné que la guerre n’oppose plus une armée régulière à une milice incontrôlée, comme à ses débuts, mais deux armées d’égale force, armement et financement extérieur, ce qui rend le conflit plus sanglant et plus difficile à résoudre. Depuis, des millions de personnes ont été déplacées et environ 150,000 ont perdu la vie.

Plus de 30 millions de Soudanais ont un besoin urgent d’aide humanitaire, mais ces chiffres ne reflètent ni l’ampleur de la tragédie soudanaise, ni la rapidité de son effondrement, ni l’extrême cruauté avec laquelle les milices ont mené leur campagne au Darfour, explique l’auteur.

L’auteure impute une grande partie de la responsabilité aux Émirats arabes unis, qu’elle décrit comme le principal sponsor de la milice, en finançant et en armant cette même milice qu’ils avaient déjà utilisée lors de la guerre au Yémen.

Ce soutien a permis à la milice de poursuivre ses crimes et, en retour, a conféré à cet État une influence économique et politique au Soudan, notamment grâce au contrôle des zones aurifères et minières du Darfour, à l’ouest. L’auteur accuse la communauté internationale, en particulier la Grande-Bretagne et les États-Unis, de complicité par le silence, fermant les yeux sur ce qui se passe afin de préserver leurs intérêts et leurs relations internationales.

Nasreen Malik a conclu que le monde ne peut prétendre ignorer ce qui se passe, car les crimes sont désormais visibles depuis l’espace, soulignant que la tragédie soudanaise n’est pas « oubliée » mais délibérément négligée.

Cela témoigne d’un changement de cap dans la politique étrangère mondiale, passant d’une diplomatie éthique à un pragmatisme débridé, uniquement guidé par des intérêts économiques et politiques. Elle a lancé un appel urgent à la communauté internationale, avertissant que les habitants d’El Fasher sont pris au piège d’un véritable carnage et que chaque minute de retard dans l’intervention ne fera qu’aggraver le bain de sang.